samedi 2 mai 2009

les dâmes blanches

Après avoir passé la nuit à Tiolache, dans la ruine qui sert de cabane, nous décidons avec Marcel
de rejoindre au nord la cabane de Carette. Le but n' est pas d' emprunter le GR 91, chemin classique
que tous les randonneurs suivent pour traverser le plateau, mais de traverser les Erges et le Purgatoire dans leurs intégralités. Première étape le sommet 1574, le centre des Erges son point culminant. Pour y arriver pas facile la boussole par temps de brouillard est indispensable mais aujourd'hui le temps est clair et nous pouvons nous repérer par rapport aux sommet des crêtes. Notre progression est perpendiculaire aux failles de fractures du terrain Les Erges comme le Purgatoire sont formés de plateaux calcaire montant ouest est et entrecoupés par d'innombrables failles au fond desquelles il ne faut pas rester car elles forment un labyrinthe avec en général une forte végétation qui nous empêche de nous situer par rapport aux crêtes. Évidemment le fait de progresser perpendiculairement aux failles et vallons nous oblige sans cesse à monter et descendre dans des éboulis parfois recouverts de végétation. Entre deux creux une portion plate parfois sans végétation ou peu avec des crevasses dans un calcaire blanc, et là, la récompense. Sur quelques dizaines de mètres carrés quelques plantes grasses sorties du rocher et quelques conifères nains, voir bonzaï,
Ce monde végétal et minéral parfois entremêlé, peut devenir rapidement un piège pour celui qui se laisse ensorceler par la beauté du site. La progression facile sur les fameuses dalles calcaire peut devenir très vite un calvaire, gare à celui qui s'est aventuré sans connaître les lieux et de plus s' y fait prendre par le brouillard. La boussole donnant l'angle de marche à suivre ne suffit pas pour la progression et il faut constamment revenir sur ses pas pour contourner une grande crevasse, un canyon, une barre rocheuse, ou une barrière végétale infranchissable. L'instinct et la connaissance des lieux sont nécessaires à la progression. Du fond d' une crevasse remplie d' une végétation intense le sol est invisible attention ou nous mettons les pieds.
La chaleur monte nous nous arrêtons le temps de sortir une gourde pour se rafraîchir. La blancheur du lapiaz est intense, les lunettes de soleil sont les bienvenues. Les crevasses à cet endroit sont larges et profondes et la plus grande attention est demandée car la végétation rampante recouvre le terrain et en particulier les petites crevasses et là est le danger. La tenue vestimentaire appropriée n'est certainement pas le short mais le pantalon long qui protège des agressions des lames calcaire et des griffures de la végétation.
Subitement notre progression est stoppée par une faille large et au fond très touffue, c' est la faille qui descend du sommet 1704 en direction du Pot du Play. Nous sommes sur un promontoire et nous évaluons par quel endroit nous allons franchir cet obstacle. Deux mètres de désescalade sur quelques dalles instables et nous voici sur une plate forme calcaire qui sonne creux sous nos chaussures. Le sommet d' un grand conifère venant du fond du ravin va nous faciliter la descente.
C' est entre son tronc et la paroi calcaire que nous descendons les huit mètres pour prendre pied au milieu d' une végétation dense. Nous traversons le fond de ce vallon ombragé et frais une odeur d' humus et de terre remplissent l' atmosphère. Ici la végétation faite de gentianes hautes et d'herbes a été aplatie par quelques animaux ayant passé la nuit ou s' étant abrités de la chaleur. Nous remontons vite de l'autre côté sans problème pour prendre pied de nouveau sur un plateau lapiazé. Devant nous le sommet 1574, nous y sommes. De Tiolache, nous avons mis une heure quinze pour parcourir mille cinq cents mètres, à vol d' oiseau.
Nous sommes pratiquement au centre des Erges et nous décidons de vadrouiller dans un rayon de deux cents mètres pour profiter du site exceptionnel et faire quelques photos.
Ici le lapiaz est complètement plat, la blancheur du calcaire ressemble à celle de la craie. Quelques conches, petites crevasses en forme de bassin, contiennent encore un peu d'eau, signe qu' il y a eu quelques pluies ces derniers jours. Après que mon 24/36 Praktica se soit gavé de clichés sur les fleurs et autres plantes de roche, nous reprenons nos sacs et cette fois direction le purgatoire. Pour l'instant nous n'avons pas fini avec les Erges. Le terrain devient très chaotique, tout est crevasses, gouffres, failles le moindre faux pas peut devenir dramatique. Imaginons seulement dans ce lieu hostile, une entorse ou au pire une jambe cassée pour une personne seule je peux dire que l'attente des secours peut être longue, voir très longue et même fatale. Ici vous pouvez crier la voix ne porte pas, tout est aspiré dans la masse calcaire crevassée, comme l'eau de pluie. Ici certains diront que cet endroit ressemble au commencement du monde,à la genèse, moi je dirais plutôt , ici le monde c'est arrêté il y a........bien, bien longtemps!
Après le franchissement de quelques barres rocheuses nous arrivons plutôt que prévu au dessus du sentier des bergers qui vient de la prairie de Darbounouse et qui se perd dans le dédale de petits plateaux calcaires, d' effondrements karstiques et de dolines herbeuses.
Sur notre droite les deux sommets 1744 qui marquent la fin de la végétation et du sentier des bergers. Nous sommes pratiquement sous un des sommets des crêtes, les rochers de la Peyrousse et du pas Etoupe. La faim commence à nous tenailler l'estomac nous décidons de nous restaurer dans le fond du canyon du sentier des bergers à l' ombre. Il est 14 heures et nous venons de mettre les pieds dans le Purgatoire sous une chaleur étouffante. Ici l' air que l'on respire a le goût et l'odeur âcre du calcaire chaud. Nous évoluons sur un lapiaz très crevassé mais pratiquement dégagé de végétation. Notre progression est subitement stoppée par une barre rocheuse d' un mètre cinquante de haut. Cet obstacle est simplement une grande marche qui représente l'épaisseur d'un autre lapiaz. En quelque sorte nous sommes sur un énorme millefeuille. Marcel décide de longer sur la gauche le mur pour trouver un passage et quel est notre étonnement! Devant nous, des marches parfaitement taillées dans le ressaut de calcaire blanc. Que font ces marches à cet endroit si loin de tout chemin, habitation, qui les a taillées et pourquoi. La réponse ne tarde pas à venir, en effet après avoir pris pied sur le lapiaz supérieur et avoir fait quelques dizaines de mètres nous sommes devant un cercle de sept à huit mètres de circonférence marqué par quelques pierres. A l' intérieur de ce cercle une terre noire. En grattant avec un bâton nous soulevons un mélange de terre et de bois calciné. Nous sommes devant une charbonnière. Ici des hommes ont fabriqué du charbon de bois et nous avons du mal à comprendre la motivation qui les a poussés dans ces lieux si loin de tout mais par contre si près de la matière première qui est le bois. Nous posons nos sacs pour explorer cet endroit. Les crevasses du lapiaz ont été comblées par de la terre pour former une aire plane pour y former une charbonnière. En fait nous sommes au centre d' une clairière de cent mètres de diamètre dont le centre est la charbonnière. En revenant sur nos pas près des marches Marcel découvre un vieux câble tout rouillé dont une extrémité se perd dans une petite crevasse. A quoi pouvait il servir? Mon imagination se met au travail et je vois cette immense charbonnière, là au centre avec quelques hommes qui finissent l'enveloppe extérieure de terre, posée sur une couche de feuilles. Ils travaillent sans dire un mot sous une chaleur étouffante. A une vingtaine de mètres un énorme tas de sacs remplis de charbon de bois. Deux mules chargées de sacs sont prêtes certainement à partir...... Soudain la voix de Marcel me ramène à la réalité. Devant nous les crêtes viennent de disparaître subitement sous une épaisse couverture de nuages noirs. Le pas Etoupe et Morta viennent d' être engloutis. Nous reprenons nos sacs et direction le Purgatoire avant de nous faire happer par cette masse nuageuse qui semble s' être arrêtée, pour l' instant au pied des crêtes. Nous progressons sur un lapiaz très accidenté, chaotique avec une végétation parfois dense qui recouvre le sol et forme ainsi le piège par excellence qui peut vous faire disparaître dans une petite crevasse ou dans un scialet. L'orage menace, l' air devient lourd .
Notre progression est rapide, subitement un bourdonnement, nous venons de mettre les pieds sur un nid de guêpes ou d' abeilles. Malgré la vitesse à laquelle nous décampons celles- ci nous assènent quelques coups de dards aux coudes et aux genoux. La douleur devient vite insupportable. Après une centaine de mètres nous nous arrêtons. Les articulations du genoux et du coude enflent d' une façon impressionnante la douleur est vive. Marcel me conseille de me frotter avec un mouchoir imbibé d'eau, ce que je fais. Les articulations deviennent énormes et raides et la douleur semble diminuée.
C' est handicapé que je reprends la progression. Cet événement nous a fait oublier l ' arrivée du mauvais temps qui en fin de compte semble s' arranger puisque le plafond nuageux est remonté vers les cimes des crêtes.
Il est 17 h 30 et nous sommes loin de notre objectif qui est la cabane de Carette, Marcel, devant mène un rythme d' enfer, moi derrière je suis tant bien que mal avec ma jambe engourdie.
Marcel devant moi vient de s' arrêter, je le rejoins. Nous sommes sur un rang rocheux et nous surplombons une vaste prairie qui descend en pente douce vers l' ouest. Nous sortons la carte et faisons le point. Normalement nous sommes devant et au dessus du Pré du Rey Blanc.
Cette prairie n' est pas faite d' herbe rase mais de hautes plantes souples qui s'entremêlent et qui dansent au rythme du vent dans un murmure de feuillage. Nous restons en contemplation devant ce lac de verdure ondulée éclairée par un rayon de soleil et faisant contraste avec la masse nuageuse derrière nous. Au bas de la prairie coté nord nous pouvons deviner les ruines de ce qui fut un abris pour les bergers ou les charbonniers. Cette vaste clairière inspire une certaine nostalgie et quiétude et j' imagine encore le troupeau débouchant de la forêt et peu à peu envahir le pré.
Cela fait bien dix minutes que nous sommes assis sur un gros rocher et nous n' avons pas remarquer
deux silhouettes blanches pratiquement au centre de la clairière.
-Tien il y a du monde- dit Marcel.
Deux personnages deux femmes habillées de blanc et coiffées d' un large chapeau également blanc viennent comme par enchantement de surgir des herbes hautes. Toutes deux de dos, elle semblent s' éloigner doucement vers le bas de la prairie tout en se penchant de temps en temps comme pour cueillir des fleurs.
Quel drôles de tenues !!
Oui c' est rigolo, à mon avis elles finiront en charpie avant ce soir.
De notre promontoire nous regardons cette scène insolite. Pas un souffle de vent, la lumière dorée de fin d' après midi illumine la prairie ou il règne une douce chaleur d' automne précoce.
Nous descendons les quelques rochers pour prendre pied dans la prairie. Les deux silhouettes blanches sont toujours là, à une quarantaine de mètres. Nous les voyons toujours de dos et elles semblent nous ignorer et se dirigent toujours vers le bas du pré. Dans les herbes hautes nous progressons en direction du sud en laissant nos deux femmes en blanc sur notre gauche. Jamais nous saurons comment elles sont arrivées en cet endroit et dans cette accoutrement si inattendu.
Le Pré du Rey Blanc traversé nous nous retrouvons dans la foret sur terrain facile.............
.......... Le souffre de l' allumette craque dans le noir avant de s' enflammer et de faire fondre la mèche de la bougie pour l' allumer. Je sorts une autre bougie de mon sac, l' allume et la dispose sur la poutre de la cheminée. Nous venons d' arriver à la cabane de Carette en même temps que la nuit. La fatigue de la journée envahit nos membres, nous sommes fourbus. Seuls nous prenons nos aises.
La bougie au centre éclaire nos visages, assis de chaque coté de la table nous déballons nos victuailles. A l'autre bout de la table ronronne un bleuet sur lequel chauffe la soupe.
Tout en coupant quelques rondelles de saucisson Marcel entame la conversation.
-Comment va ton genoux et ton coude ?
-Cela à bien désenflé, la douleur a disparue, peut être à cause de la fatigue.
Il me présente quelques tranches de saucissons sur une feuille d' aluminium froissée.
-Merci
le bleuet ronronne toujours.
-Superbe journée, vraiment ce matin je ne pensais pas arriver ce soir à Carette.
Sur les tôles du toit crépite enfin la pluie menaçante de cet après midi.
-Et nous avons même échappée à l' orage.
-Oui
Sans conviction quelques phrases sont échangées. Nous sommes là autour de cette bougie, mais nos
pensées sont ailleurs. Mal adroitement nous attendons chacun, que l' autre entame la
la conversation sur l' événement de la journée mais cet instant tard à venir comme bloqué par une
certaine pudeur qui vous pousse au refus de croire, de croire ce que vous avez vu.
Le bleuet ronronne toujours. Nous ne l' entendons plus.
Subitement je me lance
- Que penses tu du Pré du Rey Blanc, curieux cet endroit ?
- Tu veux parler des deux femmes blanches, franchement j' ai du mal à croire, elles semblaient
sortir d' un autre siècle. En robe de crinoline il faut....
- Oui, plus j' y pense plus il m' est difficile.... de croire ce que nous avons vu.
-Elles semblaient nous ignorer. As tu vu leurs visages?
-Non pas du tout. Les robes qu'elles portaient sortaient d' une autre époque, avec leur grands chapeaux blancs léger aux ailes souples et transparentes, on aurait dit qu' elles sortaient d' un mariage.
Le sujet occupa une bonne partie de la soirée et c' est tard que nous décidons de nous coucher car demain matin une longue journée nous attend et peut être sous la pluie.
Du fond de mon duvet je regarde les flammes des deux bougies posées côte à côte sur la table.
Comme hypnotisé par les deux lueurs vacillantes progressivement je cède et tombe dans un sommeil habité par les dames blanches.


JPM
http://randochablais.eklablog.com/

la mort d'un vetétiste

NON la nature n' est pas un champ de tire

Bonjour les amoureux de la nature.

Savez vous que se promener dans les montagnes de l' Ardèche devient dangereux.
Pour Fabio Butali le 26 octobre fut sa dernière balade sur le plateau ardéchois.
Peut on à ce jour laissé des individus se promener dans nos campagnes avec des fusils de guerre pour assouvir une soit disante passion qui est la chasse au gros gibiers? Les militaires s' entrainement dans des champs de tire. les amateurs d'armes à feu dans des stands de tire , et les chasseurs eux ont tout de reste de l' espace pour tirer tout azimut sur tout ce qui bouge, et de plus en plus souvent sur un passant.
Ils sont de plus en plus sur les bords des routes à attendre le sanglier mais ce jour du 26 octobre Fabio passé en face avec son ami.
Cette situation est intolérable.
Le 17 décembre tous à Valence

peut importe le sommet

il y a des jours vraiment ou vous avez l' impression que tout vous lâche que le monde vous tombe sur la tête, que votre sort est moins envieux que celui des autres , et bien croyez moi il vous reste une chose à faire. Vous prenez votre sac à dos vos chaussures de montagne et direction droit devant vers le premier sommet. Il est vrais, suivant ou vous habiter les premières montagnes peuvent être à plusieurs heures de route.
A bien penser, peut importe la hauteur du sommet , le tout est d' être au dessus des problèmes laissés dans la plaine, la vallée, et qui viennent noircir certains moments de la vie.
Ce jour là je me dirige vers le col de la Chaudière pour gravir le pic du Grand Délmas, modeste sommet de 1600 m mais d'où la vue est exceptionnelle sur les massifs environnants. La voiture garée au parking du col j' attaque les premiers 150 m de dénivelé. Non dé dious !! ce n' est pas un sentier mais une descente d'eau pluviale..! Le chemin, si on peut appeler cela un chemin, est complètement raviné avec une pente à 40 degrés et tout droit et pour corsé le tout recouvert de feuilles mortes cachant une couche de graviers. Bref le genre de chemin où l' on passe plus de temps à reculer qu'à monter. Le sentier devient moins pentu et traverse horizontalement le haut d' une prairie.
La configuration de terrain change, la forêt est présente et dense, le chemin devient large et s' élève lentement en lacets. L'odeur de tabac brun des feuilles mortes remplit l' éther du sous bois. Nous sommes en début de l' automne et celui ci est en avance. Les températures fraîches des nuits ont eu raison de la parure des frênes.
La progression est facile et agréable sous les chaussures le coussin de feuilles sèches aplanit les irrégularités du terrain. Doucement je prends de l' altitude et en même temps un certain bien être s' installe en moi.


Le chemin se redresse brusquement et se rétrécit, la forêt s' éclaircit, la voûte végétale laisse la place à la lumière, au bleu céleste. C'est brutalement que je prends pied sur la crête herbeuse qui mène vers le sommet.
Trente minutes de montée raide mais facile et me voici arrivé. Je regarde ma montre il est midi, j' ai mis une heure trente pour monter.
Il fait beau et une chaleur douce règne au sommet, pas un
brin d' air. Le silence fait également partie du décor et se mélange à l'immensité du bleu qui m' entoure.
Devant moi les Trois Becs en premier plan et sur la droite sur deux cents soixante dix degrés un dégradé de bleu du plus foncé au plus clair avec une légère brume pour lier tout cela. Le Glandas, le Grand Veymont , le Mont Aiguille le massif du Dévoluy jusqu' au Ventoux et bien d' autres sont de la parade. Seul, je savoure cet instant .
Si j' ai toujours du plaisir à partager des bons moments en montagne avec des amis, j' avoue que les sorties en solo me procurent des satisfactions autres que l'on ne trouve pas dans un groupe.
Voilà une heure et quart que je suis là, à contempler le panorama, à ne rien faire. En bas dans la vallée ça roule ,
çà usine, ça discute, ça calcul et moi ici en haut je relativise, je positive!
Bref une jolie petite ballade....